lire le livre Jonas, le pardon, mode d'emploi (Grands Mythes Antiques t. 1)

Pourquoi le prophète Jonas est-il furieux d’avoir… réussi ? Pourtant Ninive s’est repentie de sa faute ? Il aurait dû être heureux d’avoir rempli sa mission. Il est furieux parce qu’il refusait la possibilité même du pardon. C’est pour cela que, chargé de cette mission… il était parti dans la direction opposée ! Il fuyait carrément cette possibilité du pardon. Pour lui s’il y a eu faute il doit y avoir châtiment. Il ne veut pas sortir de là. D’ailleurs il n’annoncera que le châtiment « Encore 40 jours et Ninive est détruite ! » A aucun moment il n’évoque la possibilité du pardon. Et quand, finalement Dieu pardonne, Jonas fait même du chantage à Dieu et met sa mort en balance. L’histoire de Jonas nous parle de nous et de notre difficulté à pardonner. C’est pourquoi il nous est malgré tout sympathique. Mais cela laisse entière la question de fond :Comment faire pour pardonner quand on est dans la haine ou le malheur ? Il ne suffit pas de dire « Faut pardonner ! » on ne ferait que rajouter la contrainte et l’hypocrisie du déni à la douleur. L’auteur, psychologue, indique la méthode de résolution de conflit, d’apaisement, dans les petites et grandes situations où la personne est submergée par l’état affectif d’une blessure intense. Et cela marche aussi bien dans les situations personnelles, privées, que dans les situations professionnelles, au boulot, etc.La difficulté est que parfois on y tient, à sa douleur… comme un pendu à sa corde ! Comme Jonas à qui Dieu demandait « Fais-tu bien de t’irriter… ? » et qui répondait avec hargne « Je fais bien de m’irriter jusqu’à la mort » ! Nous nous irritons au point de vouloir nous venger. Cela se comprend. Mais que se cache-t-il dans notre désir de vengeance : en lui faisant la même chose on veut pouvoir dire à celui qui nous a blessé « Maintenant tu sauras ce que ça fait ! ». Cela montre que la vengeance est…de la communication analogique ! Une communication du même au même. Pourquoi au fond ? Parce qu’on ne peut croire que l’autre ait voulu nous faire autant souffrir : il ne savait pas ce qu’il faisait.Il y a là tous les éléments pour éteindre cet incendie de la haine qui sinon se répand de malheurs en rétorsions. On comprend que cela ait mérité une histoire à rebondissements, celle de Jonas. J. Laffitte